Annonceur Légal
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Une nouvelle année s’annonce,

Notre société, elle, tire sa révérence et vous remercie

Chères lectrices, chers lecteurs et annonceurs,

En cette période de fêtes, nous vous présentons nos plus sincères et chaleureux vœux pour la nouvelle année qui s’annonce. Malheureusement, après plus de sept décennies –presque huit -, le journal et sa fidèle équipe doivent vous dire adieu… En effet, après cette édition, votre hebdomadaire cessera ses parutions. Aussi c’est avec beaucoup d’émotions et une réelle difficulté à trouver les mots justes, que nous prenons la plume afin de rédiger cette ultime Une.

Vous vous demandez certainement, pourquoi votre journal local d’informations juridiques va disparaître des kiosques dès 2023.

Force est de constater que depuis plusieurs années, la presse écrite, a fortiori la famille des titres spécialisés indépendants à laquelle L’Annonceur Légal d’Auvergne et du Centre appartient, voit son volume de ventes se réduire inexorablement.

Cet hebdomadaire était devenu un rendez-vous puydomois incontournable pour ceux et celles qui ont à cœur de s’informer sur la vie des sociétés locales, leurs droits et les perspectives économiques. Le titre fondé en 1946 (bien avant la règlementation des annonces judiciaires et légales) du fait de la qualité et de la fiabilité de son contenu était jusqu’ici considéré comme une institution. Cette renommée poussait même quelques-uns à nous confondre avec le Journal officiel alors qu’il s’agit bel et bien d’une société privée indépendante (le J.O. lui fait partie des attributions du Gouvernement).

Ainsi depuis 76 ans, chaque semaine nous assurions avec fierté notre mission de transparence économique en publiant certes les annonces judiciaires et légales, mais en prime un volet conséquent de rédactionnel pour lequel nous menions une veille consciencieuse pour vous délivrer une information fiable.

Depuis plusieurs années, nous avons fait preuve d’une belle résilience pour surmonter les nouveaux obstacles, qui en coulisses, impactaient notre activité :

– adaptations internes pour plus de réactivité,

– nouvelle maquette qui tout en gardant son esprit monochrome rendait le titre plus moderne,

– un site internet avec mise à disposition de la version numérique du journal 48h avant sa disponibilité en kiosque,

– révision et élargissement de la ligne éditoriale,

– mises en adéquation pour répondre aux exigences de la Loi PACTE,

– travail en distanciel pour assurer les parutions lors des confinements,

– présence sur les réseaux sociaux,

– etc.

Cela étant, une chose est certaine, c’est que sans la fidélité de nos lecteurs et de nos annonceurs cette résilience n’aurait pas été possible jusqu’ici.

Un grand et chaleureux merci à tous !

Si aujourd’hui « L’Annonceur Légal d’Auvergne et du Centre » tire sa révérence, c’est le fait de plusieurs contraintes.

Tout d’abord, comme évoqué auparavant, avec le tsunami d’informations gratuites qui submerge nos quotidiens, nombres de personnes ont délaissé la presse payante au risque de s’exposer aux « fake news » ou à des articles aux sources partiellement fiables. La faute au numérique ou évolution naturelle ? Qui sait. Il ne nous appartient pas de juger le pourquoi du comment. Nous ne pouvons que constater que malgré nos efforts, le volume des ventes se réduit inexorablement. Or, nos coûts de fonctionnement, de production et de diffusion, eux, ne cessent d’augmenter. Entre les nouveaux modes de consommation de l’information et l’inflation actuelle, maintenir notre activité à l’équilibre s’avère complexe.

A ce constat liant phénomènes conjoncturels et structurels, vient s’ajouter le cadre règlementaire permettant d’obtenir l’habilitation à publier les annonces judiciaires et légales (AJL) ainsi qu’un agrément de la Commission Paritaire des Publications et Agence de presse. Agrément incontournable pour obtenir le sésame des publications des AJL mais également pour prétendre aux tarifs postaux « Presse » … Les règles fixées par une loi de 1955 n’avaient guère évolué durant presque 60 ans.

Puis des arrêtés de 2012 et de 2015, ouvrirent le bal des changements législatifs notamment pour une meilleure compréhension du tarif réglementé et dans un souci de « transparence ». La Loi Pacte en 2019, a, à son tour modifié ce cadre légal, cette fois-ci, dans un intérêt de « simplification ». Il est incontestable qu’une facturation au forfait ou aux nombres de caractères a clarifié le coût des parutions pour chacun. Sauf qu’en parallèle fleurissaient de nouveaux critères pour prétendre aux habilitations. Pour une petite structure, cela a nécessité une nouvelle remise en question, une nouvelle organisation et nous avons, une fois de plus su relever le défi.

Puis, en décembre 2021, un nouveau texte est venu enrichir le panorama juridique qui encadre les habilitations à publier les annonces judiciaires et légales : le Décret n° 2021-1746 du 21 décembre 2021 modifiant le code des postes et des communications électroniques, le code général des impôts et le décret n° 2009-1340 du 29 octobre 2009 pris pour l’application de l’article 1er de la loi du 1er août 1986 portant réforme du régime juridique de la presse. Ce texte, entré en vigueur au 24 juin 2022, a pour objet de renforcer les exigences de contenu journalistique dans les critères d’accès au régime économique de la presse pour les aides fiscales et postales de la presse imprimée et la reconnaissance des services de presse en ligne.

A l’origine de cette nouvelle règlementation se trouve l’affaire « Reworld Media ». Dans les faits, en juillet 2019, Reworld avait acquis tous les titres magazines de l’éditeur italien Mondadori. A la suite de ce rachat, environ 200 journalistes titulaires de la carte de presse ainsi qu’une trentaine de pigistes ont été licenciés, remplacés par une centaine de salariés issus de la régie publicitaire. La rédaction du très renommé « Science & Vie », revue d’excellence depuis 1913 n’a pas échappé à la stratégie commerciale (détestable, nous en convenons) du repreneur. Ainsi, une réflexion a été demandée par Madame Bachelot, alors ministre de la Culture, à la présidence de la CPPAP. Réflexion qui a conduit à la réforme mise en place le 24 juin dernier.

Ne vous méprenez pas, L’Annonceur Légal d’Auvergne et du Centre affectionne la profession de journalisme et l’a soutenue en local en adhérent au club de la presse (que nous saluons au passage !). Cela étant, notre spécificité rédactionnelle réside essentiellement dans la veille menée en interne, par la directrice de publication et quelques contributions externes. Nous n’avons clairement pas la capacité financière de recourir à un journaliste titulaire de la carte de presse. D’ailleurs dans notre cas, il aurait fallu réussir à trouver une perle experte du juridique. Ainsi, une réglementation visant à protéger les rédactions des loups de la rentabilité médiatique, altère indéniablement le pluralisme de la presse en impactant directement de modestes structures telles que la nôtre.

Par ailleurs, avec toutes les récentes évolutions législatives, nous nous demandons quelle sera la prochaine nouveauté… Non décidément, il devient éreintant pour ne pas dire impraticable, pour un petit titre local, bien qu’historique, de poursuivre son activité. Nos pensées et encouragements à l’ensemble des confrères qui résistent.

Un remerciement particulier à notre réseau de prestataires locaux, qui dans cette épreuve, sait nous épauler, trouver des solutions, alors que certains grands noms de nos fournisseurs brillent par leur silence : preuve une fois de plus que la proximité est source d’efficiente professionnelle !

Conscients que vous serez nombreux à être interpellés par cette triste nouvelle, nous vous prions de communiquer uniquement par mail aux adresses dédiés, afin que nous puissions prendre le temps de répondre à chacun (et que notre standard ne se retrouve pas saturé).

► Messages à l’attention de l’équipe : laredac@annonceurlegal.com
► Questions relatives aux abonnements :     abonnement@annonceurlegal.com
► Questions administratives ou comptables : direction@annonceurlegal.com
► Par courrier : Annonceur Légal – 49 rue Blatin – 63000 CLERMONT-FERRAND
(Accueil uniquement sur rendez-vous)

Chers abonnés, à vous sans qui l’aventure n’aurait pas durée 76 ans, nous ne vous oublions évidemment pas. Nous reviendrons rapidement vers vous. Nous vous remercions de bien vouloir patienter afin que nous calculions le montant qui vous sera éventuellement dû et que nous établissions la note d’avoir correspondante.

Ainsi, avec lucidité (et courage), nous avons décidé de refermer le rideau de « L’Annonceur Légal d’Auvergne et du Centre ». Au quotidien, nous étions quatre salariés à assurer nos missions afin que sans faute, l’hebdomadaire soit publié dans les temps et que lecteurs comme annonceurs soient satisfaits. Catherine, Sandrine, Emmanuel et Magali profitent de ces dernières lignes pour vous remercier une dernière fois pour l’intérêt et la fidélité que vous avez témoigné à notre titre. En 2023, nous allons faire de cette page qui se tourne, une occasion d’écrire un nouveau chapitre de nos vies professionnelles.

Prenez-soin de vous et n’oubliez pas de soutenir la presse écrite locale !

L’équipe du Journal

 

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